Rero (1983) – FR

RERO est né en 1983 à Beaune (France). Il vit et travaille à Rio de Janeiro (Brésil). Entre art urbain et conceptuel, l’artiste recourt à l’écriture pour mieux mettre en critique le régime visuel contemporain. Cette démarche décline sur divers médiums (toiles, bois, installations, sculptures…) un même programme : WYSIWYG (« What you see is what you get », « ce que tu vois, c’est ce que tu obtiens »).

Son origine est à chercher dans la pratique du graffiti, que RERO découvre à l’adolescence et pratique pendant une dizaine d’années au sein du collectif SRE (Sans rancune Emile). Cette manière d’intervenir librement et gratuitement dans l’espace public sera son école d’art, et l’initie précocement à la sémiotique urbaine.

 

RERO, Do Not Cross the Line, 2012, Centre Pompidou, photo © Cristobal Diaz

RERO, Sans titre (DO NOT CROSS THE LINE), 2012, Centre Pompidou, Paris. Photo © Cristobal Diaz

 

Pourtant, le jeune-homme finit par se sentir à l’étroit dans la répétition d’une même signature à la bombe aérosol. En 2004-05, un diplôme d’art et design au London College of Communication (Royaume-Uni) l’ouvre à d’autres champs esthétiques et d’autres techniques (sérigraphie, typographie…). De retour à Paris, alors qu’il complète son cursus en sociologie et en économie, il adopte le pseudonyme de RERO et peaufine son style distance du graffiti, de préférence dans les friches et usines désaffectées. La rencontre, par hasard, de Tania Mouraud dans l’agence d’impression où il travaille, conforte aussi son désir d’aborder l’écriture de manière plus polysémique et contextuelle. Il adopte alors ce qui deviendra rapidement sa patte : des textes écrits en police Verdana, en lettres capitales et barrés d’une fine ligne horizontale. Le procédé, de l’ordre de l’oxymore, met en question les lieux où s’inscrivent les œuvres, et vient souligner l’écart entre les faits et leur énoncé, entre les normes et les conduites, entre le réel et le virtuel. Il permet à l’artiste d’assumer un regard critique sur le monde et de souligner les contradictions et ambivalences qui structurent la doxa contemporaine. Il évoque ainsi le cheminement d’une pensée en mouvement, qui se méfie des certitudes et des dogmes, et que RERO nourrit de nombreuses références à la philosophie, la sociologie ou la psychologie.

 

Sans Titre (SERENITY), 2014

RERO, Sans titre (SERENITY), 2014

 

L’originalité de sa démarche vaut à l’artiste de présenter ses œuvres à Confluences en 2010, puis d’intégrer d’intégrer l’année suivante la galerie Backslash à Paris, où il se voit consacrer une série d’expositions personnelles (Error 404, 2011, Eidolon, 2012, Erreur dans le titre, 2014, Ibid., 2017, Mind over Matter, 2020…). En 2013, il est invité à investir le centre Georges Pompidou à Paris dans le cadre du programme Ex Situ. A une série d’ateliers participatifs autour de la lettre, s’ajoute une oeuvre sur les escalators du musée parisien : « Do not cross the line ». L’année suivante, il signe au Pavillon Carré de Baudouin à Paris une exposition remarquée, « Hors sol ».

Dans le sillage de cet événement, RERO prend la décision de ralentir son rythme de production  et part s’installer à Rio de Janeiro avec sa famille. Cette expérience lui offre de forger une nouvelle ligne de conduite, dont il emprunte le nom au philosophe Nassim Nicholas Taleb : la Via Negativa. Soit l’art de réduire le discours et la forme à l’essentiel. Ce principe lui inspire d’ailleurs le titre de sa dernière monographie, parue en 2020 aux éditions Skira.

 

RERO, Sans titre, (WORDS ESCAPE AND ACTS MARK) (TIME TOOK OUR DREAMS AWAY), Essaouira, 2018

 

Les oeuvres de Rero ont été présentées à Berlin (« Rerospektive : Image Negation », 2009), Los Angeles (« Image not available »,  2012), au Musée en herbe à Paris (2011), à New-York (Volta NY, 2015), à Bogota (« Tomeselo Personal », 2016), à Toulouse (Rose Béton, 2019), à Paris (CentQuatre, 2021) et à Volklingen (Völklinger Hütte, 2022). L’artiste a également conduit diverses collaborations avec d’autres artistes, dont Thomas Canto (« Objet impossible », Hangar 107, 2019) et Mark Jenkins (Wunderkammern, Milan, 2017).

 

RERO, Sans titre, (HELL-O-WORLD), 7,5 x 125 m, Völklinger Hütte, 2022